Les avancées de l'industrie pharmaceutique ont explosé en 50 ans et c'est à saluer au regard des vies sauvées.
Cependant, il est temps de se poser la question :
"N'est-on pas allé trop loin en termes de prescriptions,
négligeant par ailleurs diagnostic et prévention ? "
Nul doute que des problèmes liés aux médicaments, aient accéléré cette réflexion. Des effets secondaires induits par certains traitements également. On soigne une pathologie mais on en génère d'autres.
De plus, l'usager de santé, alerté par des crises sanitaires fréquentes, entend devenir "acteur de sa santé". Il attend maintenant des réponses précises et éclairées à ses interrogations légitimes.
L'UPGCS avait entrepris initialement ce type d'approche différente avec son médecin expert Le docteur Didier Cosserat. Hocine Salem, président du Club d'études Holistic-Care nous a lui aussi rejoint dans cette démarche, ainsi que des médecins, des biochimistes, des psychiatres, des nutritionnistes, tous soucieux d'entamer une approche globale des symptômes décrits par les malades, et restés sans réponse et sans amélioration par la médecine traditionnelle.
Depuis quelques mois, nous a rejoint le docteur Mohamed Boutbaoutch, médecin généraliste, Docteur en Médecine , diplômé en gériatrie et antiaging, Diu en médecine du sport , master en management et enseignant chercheur en sociologie de la santé, directeur de l’hôpital d’Inezgane, président de Maroc-Alzheimer.
Mohamed Boutbaoutch,
médecin généraliste, Docteur en Médecine ,
diplômé en gériatrie et antiaging,
Diu en médecine du sport ,
master en management et enseignant chercheur en sociologie de la santé,
directeur de l’hôpital d’Inezgane,
président de Maroc-Alzheimer.
Le paradoxe de la nutrition préventive, article de Mohamed Boutbaoutch
" On pourrait s’attendre à ce que la nutrition préventive, dont je vous parle régulièrement,
ait un impact sur les populations vieillissantes.
Or, on observe que les années de vie en bonne santé avant le décès n’augmentent pas : les maladies chroniques (diabète de type 2, stéatose hépatique, etc.), les maladies cardiovasculaires et les maladies de dégénérescence cérébrale comme Parkinson et Alzheimer, continuent d’handicaper les populations vieillissantes. De plus, certaines de ces maladies (comme le diabète) surviennent de plus en plus tôt.
On peut avancer diverses explications :
- Le manque d’éducation nutritionnelle, ou la mauvaise qualité de cette éducation ;
- Une méconnaissance des effets potentiels des « conseils nutritionnels » et une grande confusion entre les programmes diététiques (tout ce qui concerne la régulation des apports alimentaires, les régimes) et les programmes nutritionnels (recherche et correction des déséquilibres en nutriments)
- Les conséquences, en particulier chez les jeunes enfants, des abus de la publicité à propos de la malbouffe et des sucreries ;
- Le manque de temps et de moyens conduisant à la consommation quasi-quotidienne de préparations industrielles ultra-transformées, trop salées, trop sucrées, trop énergisantes, etc. ;
- Le laisser-aller et la résignation de certains parents vis-à-vis des désirs alimentaires de leurs enfants ;
- L’absence de conseils nutritionnels spécifiques pour les femmes enceintes, et pour le sevrage des enfants.
Avant l’existence de la « carte Vitale », les médecins donnaient une « feuille de maladie » à leurs patients afin qu’ils puissent se faire rembourser leurs prescriptions.
Je déplorais, déjà, qu’ils ne leurs donnent pas également une « feuille de santé » !
Nous en sommes toujours là, et la « médecine de la santé » reste une utopie inaccessible parce que, pour le praticien, elle prend trop de temps, demande trop de connaissances et n’est pas justement rémunérée.
La santé par la prévention ne fait pas vraiment partie de notre culture médicale, et la prévention nutritionnelle encore moins. La plupart des gens ne s’intéressent à leur régime que lorsqu’ils sentent qu’ils en ont ponctuellement besoin :
- Pour perdre du poids ;
- Parce qu’ils sont fatigués, manquent d’énergie ;
- Pour accompagner un traitement médicamenteux plus ou moins bien toléré ;
- En cas de pathologie à priori induite par une mauvaise nutrition ou une trop grande sédentarité : augmentation des lipides sanguins, de la glycémie ou inflammations hépatiques liées à l’alcool, etc.
- … Ou quand leur thérapeute insiste pour qu’ils modifient leur façon de manger.
Mais il est alors beaucoup trop tard pour parler de PRÉVENTION NUTRITIONNELLE !
C’est souvent à la suite d’une consultation que vous découvrez que :
- Vous avez un poids trop élevé ou insuffisant ;
- Vous souffrez de fatigue chronique ;
- Vous dormez mal ;
- Vous êtes trop angoissé(e) ;
- Vous êtes déprimé(e) ;
- Vous avez une mauvaise tension artérielle ;
- Votre foie est trop gros ou trop gras ;
- Vous avez des douleurs anormales, etc. ;
ou à la suite d’une analyse biologique que vous découvrez que :
- Vous avez trop de sucre dans le sang, donc vous risquez de devenir diabétique ;
- Vous avez trop de graisses dans le sang, ce qui représente un risque cardiovasculaire ;
- Vous avez trop d’urée, d’acide urique, et donc vos reins fonctionnent mal ;
- Vous avez des carences en vitamine D, en fer, etc. ;
- Votre thyroïde sécrète trop ou pas assez d’hormones ;
- Vous souffrez d’inflammation chronique ;
- Vos analyses hépatiques (transaminases, gamma-GT) ne sont pas normales ;
- Vous manquez de telle ou telle hormone, etc.
Malheureusement, les conseils de votre praticien ne proposent
souvent qu’une réponse « minimaliste » :
- Vous avez trop de cholestérol ? Prenez un médicament anticholestérol et tout rentrera dans l’ordre
- Vous avez trop de sucre ? Mangez moins de sucre et prenez un antidiabétique (même naturel) ;
- Vous avez trop d’acide urique ? Prenez un médicament inhibant sa synthèse ;
- Vous avez trop de tension ? Prenez un anti-hypertenseur (même naturel), etc.
La nutrition préventive arrive donc trop tard !
À ces réponses, deux auteurs réagissent (Anthony Fardet, chargé de recherche en alimentation préventive et holistique à l’UMR 1019 – Unité de Nutrition humaine, Université de Clermont-Auvergne, et Edmond Rock, directeur de recherche à l’ l’Institut National de la Recherche Agronomique -INRA ) :
« Jusqu’à aujourd’hui, les recherches en nutrition préventive se sont principalement concentrées sur la prévention secondaire, qui vise à réduire la prévalence d’une maladie dans une population, et sur la prévention tertiaire, destinée à minimiser les conséquences de l’incapacité résultant de la maladie.
Autrement dit, les préceptes de la nutrition préventive sont généralement mis en œuvre dans la seconde moitié de la vie, lorsque les individus sont déjà à risque, voire affectés, par des problèmes de santé liés au vieillissement.
Pour être efficace, une véritable prévention nutritionnelle primaire devrait au contraire être appliquée très tôt, au moins pendant la première moitié de la vie, idéalement en commençant par la mère, avant la conception et pendant les 1 000 jours suivant la naissance de l’enfant.
Cette approche se heurte cependant à une question scientifique sous-estimée : formuler des recommandations nutritionnelles efficaces implique de connaître les facteurs qui permettent à un individu de rester en bonne santé. Or, paradoxalement, l’état de « bonne santé » lui-même n’est pas bien caractérisé, et il reste beaucoup à faire dans ce domaine de recherche.
D’un point de vue scientifique, plusieurs questions restent à explorer :
- Qu’est-ce que l’état sain ?
- Quelles sont les caractéristiques métaboliques qui le caractérisent (avant que n’apparaissent les marqueurs des maladies) ?
- Comment ce profil métabolique sain évolue-t-il dans le temps ? »
Pour « enfoncer le clou », je citerai les conclusions d’un article de Julien Hernandez, publié le 20 février 2020 sur le site « futura-sciences », à propos des bienfaits de l’alimentation méditerranéenne sur notre santé, par l’intermédiaire de son action sur notre microbiote :
« On remarque à nouveau le potentiel préventif que possède l'alimentation sur notre état de santé. Un potentiel trop peu exploité, avec des consultations diététiques quasi-inexistantes dans le parcours médical de la population générale, non remboursées par la Sécurité sociale, connotées négativement par des idées préconçues anachroniques de restriction alimentaire, et enfin par la présence de brebis galeuses dont l'objectif est avant tout mercantile. »
Quelle définition donner à la santé ?
Je réfléchis depuis de nombreuses années à cette question soulevée par les deux auteurs dans leur article.
Quels examens cliniques ou biologiques peuvent être proposés pour y répondre ?
On ne peut pas se contenter de mesurer le poids, la taille, la qualité du sommeil et la présence ou l’absence de stress pour savoir si l’on est, on non, en bonne santé.
On ne peut pas non plus se reporter aux seules questions de capacités mémorielles et cognitives. Car nous avons tous connu des personnes qui n’ont pas une bonne mémoire, ou une mémoire très sélective, et qui ne feront jamais de maladie de dégénérescence cérébrale.
La forme est également un « marqueur » très relatif : nous connaissons tous des gens qui se plaignent de ne pas « être en forme », mais qui vivent bien et plus longtemps qu’une majorité d’entre nous.
On ne peut pas non plus considérer la seule qualité de la peau, des phanères (cheveux, poils, ongles), de la vision ou de l’audition, etc., car nous connaissons tous des malvoyants ou malentendants en très bonne santé.
Il existe bien quelques tests cliniques simples qui explorent les réflexes, l’équilibre, la tonicité de la peau ou l’adaptation visuelle avec l’âge. Mais leur intérêt reste limité.
Si la durée de vie s’est allongée dans les pays industrialisés, il n’en est pas de même pour la « durée de vie en bonne santé », comme le soulignent les auteurs cités :
« Pourtant, les épidémies de maladies chroniques telles que le diabète de type 2, la stéatose hépatique ou l’obésité continuent à augmenter chaque année partout dans le monde. Conséquence : les années de vie en bonne santé stagnent, laissant une durée de vie toujours plus longue avec des handicaps. Aujourd’hui, la durée de vie moyenne en mauvaise santé (morbidité) de la population française est d’environ 18-19 ans, ce qui est de plus en plus difficilement supportable, humainement et économiquement. »
Et si l’on s’intéressait aux biomarqueurs de santé ?
Ils font depuis longtemps l’objet de mes recherches. Au cours de mon expérience personnelle, j’en ai identifié plusieurs, dont je vous donne la liste (non exhaustive) ci-dessous.
Pour chacun de nous, le problème est quasiment semblable : doit-on investir dès à présent dans des bilans biomarqueurs qui vont nous permettre de surveiller notre santé, ou bien attendre l’apparition de la maladie, avec ses handicaps, ses coûts et ses souffrances ?
Chacun répondra en fonction :
- De son niveau d’information et de culture en matière de santé (auquel j’espère modestement contribuer) ;
- De ses moyens financiers.
Voici les tests que je propose :
- Bilans protéomiques (PROTEOMIS®) ;
- Statuts en minéraux (zinc[6], sélénium, fer, cuivre, etc.) ;
- Bilans d’équilibres vitaminiques (vitamine D, vitamines B(B6, B9, B12), etc.) ;
- Bilans de stress oxydant (radicaux thiols, vitamine C, glutathion, glutathion peroxydase, T-Bars, 8-OHdG sanguine et urinaire…) ;
- Bilans des acides gras érythrocytaires (afin d’optimiser les apports lipidiques notamment en oméga-3)
- Recherche d’intoxications environnementales et notamment de présence de métaux lourds ou toxiques ;
- Bilans des apports en protéines et en acides aminés, chez les sportifs ou chez toute personne exprimant une fatigue musculaire ou un amaigrissement inexpliqués ;
- Évaluation de la méthylation ;
- Évaluation du microbiote, de sa perméabilité intestinale et éventuellement de ses intolérances alimentaires ;
- Dosage de l’homocystéine sanguine ;
- Dosage des LDL oxydées ou des anticorps anti-LDL oxydées, afin de préciser les risques cardiovasculaires liés au stress oxydant.
Le choix et la régularité de ces bilans seront fonction de chaque situation spécifique.
Bien sûr, il n’est pas question de réaliser tous ces bilans systématiquement, mais, par expérience, je suis persuadé qu’un usage raisonné et raisonnable de ces biomarqueurs permet de mieux se protéger et d’augmenter sa capacité à vieillir en bonne santé, donc sans handicap et sans maladie.
Mohamed Boutbaoucht , sources Anthony Fardet, Edmond Rock, Dominique Rueff
Pour aller plus loin
https://www.upgcs.org/2019/03/02/microbiote-intestinal-de-la-sant%C3%A9-%C3%A0-la-maladie/
https://www.lettre-docteur-rueff.fr/bilan-proteomis-tresor-de-plus-sante/
https://www.lettre-docteur-rueff.fr/vitamine-d-21-raisons/
https://www.lettre-docteur-rueff.fr/et-mon-petit-zinc-2/
Anthony Fardet
De la jeunesse aux âges avancés, les principales fonctions de l’organisme humain, à savoir les systèmes nerveux, osseux, musculaires ou vasculaires ont tendance à suivre une courbe concave avec des phases communes de croissance, d’optimum et de déclin au cours dû vieillissement.
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