Alerte COVID-19 :
Pas d’automédication par AINS !
Respect du bon usage du paracétamol
De la cortisone et des vasoconstricteurs
VOTRE ATTENTION
Les malades victimes de pathologies chroniques et traités au long cours par des AINS, par corticothérapie à visée anti-inflammatoire ou à visée immunosupressive notamment en cas de maladie systémique auto-immune, par hydrocortisone substitutive, ne doivent en aucun cas interrompre leur traitement sans avis médical. En cas de suspicion de symptômes liés au COVID-19, il convient de contacter téléphoniquement son médecin traitant ou de faire le 15.
Les personnes infectées présentent des manifestations qui vont du simple rhume à un syndrome respiratoire sévère pouvant nécessiter réanimation.
Selon l'OMS : fièvre : 88% , toux sèche : 68%, fatigue : 38%, expectoration exacerbée : 33%, dyspnée : 19%, douleurs musculaires : 15%, gorge irritée : 14%, maux de tête : 14%, frissons : 11%, nausées et vomissements : 5%, congestion nasale : 5%, diarrhée : 4%. Il existe des malades asymptomatiques et il ressort des études récemment publiées que 80 à 85% des sujets infectés n’ont pas ou peu de symptômes, alors que 15 à 20% développent un tableau symptomatique sévère, souvent associé aux facteurs âge et comorbidité.
Les principales comorbidités des victimes sont l'hypertension artérielle (48%), le diabète (31%), les maladies coronariennes (24%), la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) (7%) et les maladies rénales chroniques (4%). Par ailleurs, les fumeurs infectés auraient un risque de décès accru de 133%
Quelque soit le type d'infection y compris par Covid-19, les anti-inflammatoires peuvent s'avérer dangereux
Dans le cadre de l’épidémie, le ministre de la santé a lancé un appel pour alerter sur le risque d’aggravation de l’infection en cas de prise d’AINS (dont
l’ibuprofène) ou d’initiation d’un traitement par cortisone.
Le risque de surinfection lié aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est bien connu avec la varicelle où ils sont contre-indiqués. Mais le nombre important de notifications d’infections graves chez l’adulte, en particulier cutanées, ORL ou respiratoires au décours de leur consommation pour fièvre et/ou douleur non rhumatologique, indiquent que cette complication n’est pas limitée au contexte de varicelle chez l’enfant.
En 2002, une première enquête de pharmacovigilance avait été réalisée par les Centres Régionaux de Pharmacovigilance (CRPV) de Tours et Angers sur les risques d’infection de la peau et des tissus mous associés aux AINS en pédiatrie. Les résumés des Caractéristiques des Produits avaient été modifiés en 2004 pour refléter le risque alors mis en évidence dans cette enquête.
Depuis, de nouvelles données ont conduit à la réalisation d’un second travail sur le risque infectieux associé aux AINS, réalisé par les mêmes CRPV et présenté au comité technique de pharmacovigilance de mai 2016. Ce travail a consisté en l’analyse des cas issus de la Base Nationale de Pharmacovigilance (BNPV) de 2002 à 2016 et en une revue de la littérature.
Ibuprofène, Kétoprofène, diclofénac, acide niflumique, acide tiaprofénique, flurbiprofène, naproxène, acide méfénamique, fénoprofène, dexkétoprofène ...
Les AINS concernés étaient ceux ayant une indication dans la fièvre et/ou la douleur non rhumatologique : ibuprofène, kétoprofène, diclofénac, acide niflumique, acide tiaprofénique, flurbiprofène, naproxène, acide méfénamique, alminoprofène, fénoprofène, dexkétoprofène.
Parmi les 547 cas retenus dans la BNPV (cas évoquant une infection bactérienne), 62% concernaient des adultes et 38% des enfants. L’ibuprofène était l’AINS le plus représenté (66% des cas), suivi du kétoprofène (17%), du diclofénac et de l’acide tiaprofénique (5% chacun). Parmi ces cas, 36 décès étaient retrouvés dont 6 concernaient des enfants. Ces décès étaient consécutifs à un choc septique, une fasciite nécrosante, une cellulite ou une dermohypodermite, une méningite, une septicémie, une infection non spécifiée, une pyélonéphrite, et un purpura fulminant.
Dans la littérature, 2 études mettent en évidence une augmentation statistiquement significative du risque d’infection de la peau et des tissus mous en cas de prise d’AINS au cours de la varicelle chez l’enfant ou du zona chez l’adulte (Mickaeloff 2007, Dubos 2008) et deux autres études montraient une augmentation du risque d’infection invasive à Streptocoque du groupe A (Factor 2005, Lamagni 2008). Par ailleurs, 4 études différentes soulignaient le risque augmenté de complications suppuratives des pneumopathies communautaires en cas de prise d’AINS avant l’admission à l’hôpital (Byington 2002, François 2010, Voiriot 2011, Messika 2014).
Enfin, 2 études sur animaux évoquent une accélération de la
progression des infections à Streptocoque βhémolytique du groupe A (SBHA) et une augmentation de la mortalité chez les souris recevant un AINS versus des souris témoins (Weng 2011, Hamilton
2014).
Au total, les résultats de ce travail de synthèse sur infections et AINS soulignent 3 points importants :
- les infections pulmonaires et pleuropulmonaires sont très représentées tant chez l’enfant que chez l’adulte, même si les infections cutanées restent les plus fréquentes,
- le nombre important de notifications d’infections graves chez l’adulte, en particulier cutanées, au décours de la prise d’un AINS pour fièvre et/ou douleur non rhumatologique, indiquant que cette complication n’est pas limitée au contexte de varicelle chez l’enfant.
- depuis 2002, 1 à 2 décès sont notifiés par an dans ce contexte, chez des patients (enfants et adultes jeunes sans facteurs de risque).
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer le rôle favorisant des AINS dans la survenue d’une infection bactérienne grave :
- En masquant les signes d’une infection bactérienne débutante, les AINS retarderaient le diagnostic et la prise en charge en favorisant ainsi l’évolution de formes plus graves.
- En cas d’infection à SHBA, ils augmenteraient le risque de dissémination et diminueraient l’effet d’une antibiothérapie soit par inhibition de la fonction leucocytaire (donc chute de l’immunité) soit par reproduction accrue de cytokines IL1 , IL6 et TNFα (Les cytokines pro-inflammatoires sont essentiellement représentées par l’IL1, le TNFα, l’IL6, l’IFNγ et l’IL12. Elles sont principalement sécrétées par les macrophages et sont à l’origine de la fièvre, de la synthèse de prostaglandines et de protéines de l’inflammation),
RAPPEL DU BON USAGE DU PARACETAMOL (lisez bien les notices des médicaments et n’hésitez pas à faire appel à un professionnel de santé, voire contactez votre CRPV
Chez l’adulte et l’enfant de plus de 50 kg sans comorbidité :
- La posologie recommandée est de 500 mg à 1 gr maximum par prise, à renouveler en cas de besoin au bout de 4 h et à adapter au poids. Il n’est généralement pas nécessaire de dépasser 3 grammes
- En cas de douleurs plus intenses, la posologie maximale peut être augmentée, sans jamais dépasser 4 grammes par 24 heures.
- L’absence d’effet suffisant ne doit pas justifier l’augmentation des doses ni le rapprochement des prises ! Il faut consulter un médecin, ou un dentiste s’il s’agit d’une douleur dentaire.
Attention! De très nombreux médicaments contiennent du paracétamol, il est important de savoir les reconnaître afin d’éviter un surdosage ! Des associations existent avec le tramadol, la codéine, mais également des associations multiples. Soyez vigilants et regardez toujours la composition des médicaments que vous consommez.
Chez l’enfant sans comorbidité :
Il est primordial de respecter les recommandations :
- la forme sirop permet une dose adaptée au poids. Il est impératif d’utiliser uniquement les pipettes fournies avec le médicament et surtout pas une autre.
- L’intervalle entre 2 prises est au minimum de 6h
- En dessous de 40 kg, la dose totale de ne doit pas dépasser 80 mg/kg/24h
- Entre 41 kg et 50 kg, la dose totale ne doit pas excéder 3 gr/24h
Utilisé à bon escient, le paracétamol est un médicament sûr et efficace. Cependant en cas de surdosage, il peut entraîner des lésions graves du foie irréversibles dans certains cas : sa mauvaise utilisation est la 1ère cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France. Le terme surdosage s’entend par l’utilisation d’un dosage non adapté, une dose trop importante par prise ou par jour, et un délai minimum entre les prises non respecté.
Et sutout, Arrêtez d'attribuer des vertus préventives au paracétamol !
Il ne protège pas de l'infection Covid-19 !
Seules les mesures de sécurité dont le confinement, nous ferons sortir de l'épidémie !
Rappel du bon usage de la Cortisone :
La cortisone est un puissant anti-inflammatoire mais aussi un immunosupresseur, c’est d’ailleurs pour cette 2ème raison qu’elle est prescrite en cas de pathologie auto-immune aux fins de calmer les réactions immunitaires exacerbées, donc les symptômes, mais avec les risques que l’on connait à type d’infection secondaire induite. Ceci vaut donc aussi pour le COVID-19,
Bien évidemment, un malade sous corticothérapie ne doit pas interrompre son traitement sans avis médical, qu’il s’agisse d’un traitement de fond contre l’asthme, à visée anti-inflammatoire, systémique ou autre, il pourrait y avoir recrudescence des symptômes.
Par contre en cas de symptôme suspect, il est actuellement indispensable de prendre rapidement un avis auprès de son médecin avant de débuter ou poursuivre un traitement de cortisone par voie orale.
Décongestionnants nasaux : mise en garde
Largement utilisés pour le traitement des symptômes liés au rhume, ils contiennent des vasoconstricteurs et sont associés à un risque d’effets indésirables parfois graves, en particulier cardiovasculaires et neurologiques.
Certains de ces médicaments, sous forme de comprimés et à base de pseudoéphédrine, sont accessibles sans ordonnance.Des cas graves d’effets indésirables cardiovasculaires (à type d’hypertension artérielle, crise d’angor, infarctus du myocarde ) ou neurologiques (convulsions, troubles du comportement et accident vasculaire), ont été enregistrés dans la base nationale de pharmacovigilance et concernent des patients ayant consommé une telle spécialité par voie orale ou nasale,
Un mésusage important est constaté : il s’agit majoritairement d’une utilisation prolongée au-delà de 5 jours, ou d’une association entre vasoconstricteurs administrés par voie orale et par voie nasale, ou encore du non-respect des contre-indications figurant dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) et la notice.
Dans ce contexte, des actions d’information complémentaires aux notices et RCP apparaissaient nécessaires pour renforcer les actions déjà mises en place afin de réduire les risques liés à l’utilisation de ces médicaments largement utilisés.
Dans cette optique, l’ANSM a sollicité l’ensemble des acteurs concernés (usagers, patients, professionnels de santé, puis industriels) et a mis à disposition des pharmaciens d’officine courant janvier 2020, une fiche d’aide à la dispensation. Une fiche d’information destinée aux patients est également disponible. (ces documents sont téléchargeables en fin de cet article et listent les médicaments concernés).
Enfin, voici les recommandations de l’AFPMS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé) : https://www.afmps.be/fr
Face à ce drame sanitaire, social et économique l’UPGCS déplore que des budgets n’aient pas été alloués en vue de recherches sur les coronavirus, notamment une vaccinothérapie préventive. Nous vous rappelons les SRAS et MERS de 2002 et 2012.
Elise Carboullec et Annie Notelet, rédactrices UPGCS
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