25 octobre 2020, Paris, Union pour la prévention et la gestion des crises sanitaires (UPGCS)
Le SARS-CoV-2 et la CoVid-19
L’infection par le coronavirus SARS-CoV-2 appelée « la CoVid-19 » évolue de façon bénigne dans la grande majorité des cas, sur une voire deux semaines. Après cette phase initiale, si les symptômes persistent, on parle tantôt de CoVid long, tantôt de syndrome post-CoVid.
En général, la CoVid-19 commence progressivement et se manifeste par une asthénie, un mal de gorge, une toux, des douleurs musculaires et articulaires, une petite gêne respiratoire et souvent un mal de tête modéré. *
Dans la grande majorité des cas, tout rentre dans l’ordre en une à deux semaines, voire davantage.
Pour mieux situer les événements, l’histoire naturelle d’une infection aiguë virale peut se schématiser ainsi :
Certains malades de la covid-19 ont une convalescence qui n'en finit pas
Mais tout le monde ne guérit pas ainsi. Les uns ont une évolution persistante, conservant des symptômes variés et handicapants. Les autres semblent guérir, puis rechutent, après plus d’une semaine, cette fois assez souvent sans fièvre.
Dès l’instant où l’on est toujours malade, plus de deux mois après l’épisode initial, on peut parler de CoVid long.
Ces symptômes, car ce sont souvent des symptômes, c’est-à-dire des manifestations subjectives,
concernent fréquemment la respiration, le cœur, la pression artérielle, les muscles, les articulations, l’appareil digestif, le cerveau et l’énergie vitale. L’énergie vitale, car, dans tous les cas, il existe une fatigue souvent intense et handicapante, au point d’empêcher les personnes de travailler ou d’étudier.
Certains malades parlent de calvaire quand des douleurs intenses s’y ajoutent.
Cette illustration résume les principales manifestations présentes en cas de CoVid long
:
Avis de l’Académie de médecine (juin 2020) 1/2
Les manifestations polymorphes chez les malades sans forme grave (signes respiratoires, anosmie, agueusie, pseudo-engelures, troubles digestifs, atteinte neurologique) disparaissent en quelques semaines avec la guérison.
Il existe la possibilité d’une persistance ou résurgence de certains symptômes après la guérison. Il peut s’agir de l’anosmie, de sensations de gêne respiratoire, de dysesthésies des extrémités et d’une fatigabilité intense, mais aussi de troubles psychologiques s’apparentant au syndrome de stress post-traumatique avec angoisse de mort, liés à l’isolement et au confinement.
Le suivi des patients convalescents requiert une attention particulière envers ces manifestations résurgentes pour ne pas méconnaître d’autres affections aiguës non liées à la Covid-19 (infarctus du myocarde, maladie thrombo-embolique, etc.), surtout en présence de comorbidités.
Avis de l’Académie de médecine (juin 2020)
Chez les malades de retour à domicile après une hospitalisation, a fortiori s’ils ont été admis en réanimation, on observe souvent des troubles trophiques, avec amaigrissement, dénutrition et myalgies.
Des dérèglements psychologiques pouvant affecter la concentration et la mémoire sont rapportés, ainsi que des accidents thrombo-emboliques et des insuffisances rénales. Par ailleurs, les images de tomodensitométrie pulmonaire font redouter l’apparition d’une fibrose pulmonaire secondaire, comme après le SRAS et le MERS.
L’Académie de médecine recommande donc :
- une vigilance accrue des médecins assurant leur suivi et une prise en charge adaptée des manifestations cliniques persistantes ou résurgentes de l’infection ou des troubles séquellaires de l’hospitalisation, sans méconnaître une affection aiguë d’une autre cause ;
- la prescription de tests diagnostiques (RT-PCR) chez les convalescents toujours symptomatiques, en particulier les patients non hospitalisés qui n’avaient pas été testés lors de l’épisode initial, et de tests sérologiques (IgM & IgG ou Ig totales : statut immunitaire ?)
Les manifestations présentes en cas de CoVid long sont relativement variées. Il s’agit fréquemment de difficultés respiratoires, de dyspnée pour un effort minime, de douleurs thoraciques, d’une sensation d’oppression.
Également une mauvaise adaptation cardiaque et circulatoire à l’effort, c’est-à-dire que, par exemple, le pouls peut s’accélérer lorsque l’on fait un effort, mais sans que la pression artérielle n’augmente. Certains ont par ailleurs des paresthésies dans les membres ou des troubles digestifs, comme un transit intestinal perturbé, des douleurs abdominales.
Fréquemment aussi, des myalgies, parfois des sensations de brûlures dans les muscles, ainsi que des arthralgies.
En pratique, tous ces symptômes réalisent un véritable handicap quotidien. Il y a encore des troubles cérébraux, tels que des difficultés à se concentrer, des troubles de la mémoire et parfois des épisodes confusionnels de durée généralement brève.
Et puis l’asthénie, qui est vraiment l’élément le plus marquant et invalidant, du moins quand ce ne sont pas les douleurs musculaires.
Le moindre effort coûte beaucoup et peut même provoquer un malaise chez certaines personnes. Une telle CoVid longue peut durer des semaines et fréquemment des mois.
Il existe des périodes de rémission, puis cela reprend et ainsi de suite.
Très souvent, pendant toute la période de CoVid long, les personnes atteintes ont beaucoup de mal à vivre seules. Il n’est pas rare que les plus jeunes d’entre elles soient amenées à retourner vivre chez leurs parents, ce qui peut paraître surprenant, mais situe assez bien l’importance de cette pathologie.
Les symptômes et signes cliniques contrastent avec la pauvreté biologique
Sur le plan biologique, pendant la phase de CoVid long, il est habituel de ne plus objectiver de syndrome inflammatoire.
Les traces de l’ARN viral lors du test de détection rhinopharyngé par RT-PCR* sont souvent absentes et il n’est pas rare que le sérodiagnostic (anticorps circulants) soit négatif. Cette pauvreté biologique contrastant avec un syndrome clinique riche et très invalidant est source de perplexité, tant pour le médecin que pour le patient qui est affecté par le désarroi médical s’ajoutant à son état morbide handicapant et souvent douloureux.
RT-PCR*
La PCR (« polymerase chain reaction » ou réaction en chaîne par ADN polymérase) est une technique de biologie moléculaire qui permet de détecter des traces d’ADN dans un prélèvement, en les multipliant à l’aveugle et de façon systématique, un très grand nombre de fois.
S’agissant du SARS-CoV-2, on a affaire à un virus dont le génome n’est pas à ADN, mais à ARN, comme du reste le génome des rétrovirus.
Ainsi, pour que la technique PCR puisse s’appliquer, il faut déjà transcrire les traces d’ARN en traces d’ADN. Cela s’effectue grâce à l’enzyme « reverse transcriptase » (RT).
En effet, dans les processus biologiques physiologiques, les gènes de l’ADN sont transcrits en ARN messagers grâce à une transcriptase. Mais avec les rétrovirus comme les VIH-1 et VIH-2, c’est leur ARN génomique qui est transcrit en ADN grâce à une transcriptase inverse (RT). La RT-PCR est donc l’adaptation de la méthode PCR aux ARN, dont les ARN des coronavirus sont une application.
l'UPGCS remercie le Docteur Stéphane Gayet pour sa participation lors de la conférence
Pour aller plus loin
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sylvie arondel (lundi, 04 janvier 2021 11:39)
Merci pour cette conférence, les informations que vous donnez et les témoignages que vous relayez.
Depuis que l'on entend et lit des témoignages de "covid long" je suis vraiment très frappée par les points communs avec les témoignages des personnes qui souffrent de "lyme chronique". C'est un sujet que je connais assez bien , étant moi-même concernée par cette maladie.
Il me semble clair que tout médecin ayant entendu des patients souffrant de ces syndromes a priori sans rapport est amené à voir ces similitudes, et à se poser des questions sur leurs liens, peut-être à formuler déjà les mêmes hypothèses que les miennes.
Je crois pouvoir apporter des éléments personnels étayant et élargissant le champ des hypothèses que l'on peut faire sur le lien entre ces deux "maladies" et leur chronicité; je parle depuis ma position de malade d'un syndrome nommé tantôt fatigue chronique, tantôt fibromyalgie, tantôt Lyme. Je précise que je ne suis pas moi-même médecin. J'ai une formation d'ingénieur et chercheur. J'ai 67 ans et suis actuellement psychothérapeute.
J'écris cela au risque de me faire poliment écarter de vos échanges, - ce qui est déjà courant du fait des polémiques autour de la maladie de Lyme -;
Je souhaiterais cependant apporter certaines données et témoignages personnels.
Le Dr Gayet insiste beaucoup sur sa propre surprise à ressentir par lui-même un vécu de "mort imminente" déjà entendu de la bouche de patients, sans pouvoir en mesurer la brutalité. J'ai pu mesurer grâce à sa franchise combien il est difficile pour un médecin de "croire" tout ce qu'un patient exprime, et combien seule sa propre expérience le rend à même de tout "croire", même ce qu'il ne comprend pas en tant que médecin.
Aussi le docteur Gayet me semble avoir la curiosité nécessaire pour ne pas disqualifier a priori mes efforts vers une meilleure compréhension de la crise que nous traversons.
Bien cordialement,
Voici mon adresse mail : arondel1.sylvie@gmail.com
Gonneau Hélène (jeudi, 20 mai 2021 22:52)
Bonjour
Atteinte du covid en mars 2020 je suis en souffrance depuis. Je souhaite avoir une consultation avec le docteur GAYET.
Comment faire ?
Merci
upgcs.direction@gmail.com (vendredi, 21 mai 2021 13:15)
Mme Gonneau Hélène,
Merci de nous contacter directement par mail, s'il vous plaît.
upgcs.direction@gmail.com
cordialement à vous