Par le Dr Lucie WETCHOKO - Médecin généraliste et urgentiste - spécialiste en nutrition et micro-nutrition
INTOLÉRANCE À L’HISTAMINE ET COVID LONGS
Les allergies sont reconnues par la médecine mais il n’en est rien pour les sensibilités et les intolérances qui sont des réactions retard du système immunitaire.
En fait, les allergies, n’apparaissent presque jamais seules. Elles ne sont que la partie émergée de l’iceberg, révélatrice de pathologies sous-jacentes. Hélas, la médecine conventionnelle se contente de traiter chaque allergie de façon isolée, sans tentative de compréhension.
Vous viendrait-il à l’idée de penser que vos problèmes d’humeur, vos migraines, vos sinusites, vos otites, vos douleurs etc puissent découler d’une allergie ou d’une intolérance ? Sans doute que non et pourtant….
L’intolérance à l’histamine peut provoquer des réactions multisystémiques allant jusqu’à l’hypoxie ou l’anaphylaxie nécessitant une hospitalisation y compris en réanimation. Le corps médical ne parvient pas toujours à expliquer les multiples inflammations malgré la prise d’antihistaminiques H1 – H2.
Les intolérances correspondent à des dysfonctionnements enzymatiques :
- un défaut de lactase sera responsable d’une incapacité à digérer le lactose.
- pour le fructose, différentes enzymes interviennent.
- L’incapacité à digérer le gluten et la caséine en est aussi la conséquence.
Les déficits enzymatiques peuvent toucher toutes les protéines, tous les lipides, tous les glucides, tous les acides aminés ou amines biogènes (produites par le corps ou présentes dans l’alimentation) : tyrosine, phénylalanine, histamine, tyramine, adrénaline, noradrénaline, dopamine, sérotonine….
Par exemple, ils peuvent être héréditaires, dus à l’intoxication aux métaux lourds ou à une dysbiose (dégradation de la flore intestinale), un SIBO (microbiote qui part en sucette) Tous ces facteurs s’additionnent.
LA DAO : (Di-Amino-Oxydase)
La DAO est l'enzyme qui permet de métaboliser l'histamine provenant des aliments. L'activité réduite de cette enzyme produit une accumulation pouvant entraîner des effets indésirables tels que migraine, céphalées, gueule de bois, vertiges, hypotension, hypertension et arythmies, urticaire, peau atopique, psoriasis, congestion nasale, asthme, syndrome du côlon irritable, constipation, satiété, douleurs d'estomac, vomissements, fibromyalgie, douleurs musculaires, douleurs ostéopathiques.
Le Dr Wetchoko nous évoque les propriétés de l’artémésia, plante dont les molécules chimiques stimuleraient le système immunitaire et la nécessité pour les Covid longs de surveiller les valeurs histaminiques. Lucie nous explique l’agrégation plaquettaire provoquée par le coronavirus, l’atteinte des capillaires et des micro-vaisseaux engendrée par la Covid-19, la perméabilité membranaire et le rôle protecteur de nos muqueuses, le lien entre le cerveau et l’intestin, le rôle des vitamines A / D et du zinc.
Nos muqueuses contribuent à notre immunité naturelle ou innée. Il s’agit de la première barrière contre tout pathogène, barrière qui se trouve très altérée par le stress qui par ailleurs provoque un syndrome d’activation mastocytaire.
Si un pathogène traverse notre premier bouclier immunitaire, il pénètre nos vaisseaux via notre endothélium avec pour conséquences, une inflammation endothéliale diffuse via le récepteur ACE2. L’endothélium vasculaire est un organe actif paracrine, endocrinien et autocrinien indispensable à la régulation du tonus vasculaire et au maintien de l’homéostasie. Son dysfonctionnement provoque des atteintes micro-vasculaires avec macro ou micro-ischémies en raison d’un état pro-coagulant, vasoconstriction et syndrome inflammatoire.
L’infection par le Sars-Cov2, facilite donc l’induction d’une endothélite/vascularite avec atteinte multisystémique, ainsi qu’une apoptose et une pyroptose.
Lien entre l’histamine et plasmodium falciparum : (source )
Chez l’homme et dans plusieurs modèles d’infections chez les animaux. L’augmentation des niveaux d’histamine dans le plasma et dans les tissus, provenant des basophiles et mastocytes, a été associée à la sévérité de la maladie au cours des infections à Plamodium falciparum.
Propriétés biologiques de l'histamine : ici puis ce dessous. (Agrandissement des slides par clic)
Définition de l'histamine :
L'histamine est un médiateur essentiel de la physiopathologie de multiples pathologies allergiques. Elle est synthétisée dans les cellules inflammatoires et immunocompétentes, dans les cellules pariétales de l'estomac et dans les neurones (réserve labile). Elle est libérée au niveau de la peau, de l'intestin, du foie et des bronches lors du conflit antigène-anticorps ou sous l'effet de médicaments (morphine), des venins, des toxines, des agents endogènes (kinines), des radiations, lors de brûlures ou de manifestations inflammatoires. L'histamine et un puissant vasodilatateur, qui, en outre, augmente la perméabilité capillaire ; elle provoque une bronchoconstriction, active les cellules inflammatoires, stimule les sécrétions gastriques et exerce selon les cas des effets inhibiteurs ou stimulants sur le système nerveux central ou périphérique. Ses actions biologiques de résultent de l'activation de quatre types de récepteurs H1, H2, H3 et H4. Les récepteurs H1 prédominent au niveau des muscles lisses (bronches, intestins, etc.), des fibres nerveuses, et des cellules immuno-inflammatoires, les récepteurs H2 dans l'estomac, le coeur, les récepteurs H3 sur les fibres nerveuses centrales ou périphériques et les récepteurs H4 sur les cellules immuno-inflammatoires.
L'histamine est une amine qui provient des acides aminés via les enzymes décarboxylases (liste ci-contre) qui sera dégradée par la DAO .
Il en résulte une compétition avec les amines dont la production provient de l'intestin, des entérocytes, des cellules entérochromaffines, des neurones hitaminiques, des plaquettes, des cellules kératinocytes, des cellules endothéliales en dysfonction, du placenta.
Histidine : cet acide aminé va se dégrader en histamine (voir algorithme ci-contre). source
Éclairage du Dr Stéphane GAYET, membre du Conseil Scientifique UPGCS :
Les Mastocytes, l'histamine et le SAMA.
Les mastocytes participent à nos défenses immunitaires. Depuis quelques semaines et plutôt quelques mois, le signe SAMA fait florès.
Dans le corps humain, tout est utile, tout a une fonction précise. les mastocytes sont des globules blancs, (leucocytes), proches des granulocytes ("polynucléaires") basophiles. Comme les autres leucocytes, ils nous défendent contre les agressions, notamment microbiennes. ils ne se trouvent pas dans le sang circulant, mais dans les muqueuses, là où pénètrent les agents infectieux. Ils sont donc des acteurs de la première ligne de défense.
L'histamine libérée par les mastocytes lorsqu'ils sont activés, est une substance qui joue un rôle important lors d'une infection, car elle permet en augmentant le diamètre (vasodilatation) et la perméabilité des capillaires sanguins, un afflux massif des cellules de défense mobiles dans un foyer infectieux. L’œdème tissulaire qu'elle déclenche constitue un épanchement liquidien extracellulaire qui favorise le déplacement et la circulation des acteurs de défense en son sein. L'histamine est donc une substance utile et bénéfique. Mais, elle devient problématique quand sa production et sa concentration sont excessives (comme pour toutes les substances du corps et cela sans exception). C'est un médiateur chimique stocké dans les granules intracytoplasmatiques des mastocytes et des granulocytes basophiles, puis libéré en réponse à différents stimulus. Cette molécule synthétisée par la décarboxylation de l'histidine, sous l'action de l'histidine décarboxylase (HDC), exerce ses effets via l'activation de quatre récepteurs histaminiques : H1, H2, H3 et H4 qui sont exprimés à la surface de différentes cellules telles que les cellules musculaires lisses, les monocytes, les cellules immunocompétentes ou inflammatoires, les cellules endothéliales ou épithéliales et les fibres nerveuses selon le type de récepteur histaminique prédominant.
Elle peut donc avoir des effets soit inflammatoires soit anti-inflammatoires (alors que beaucoup de personnes pensent qu'elle n'est que pro-inflammatoire).
L'action des mastocytes ne se résume pas à une production d'histamine. Ils produisent aussi de l'héparine qui prévient les thromboses ("caillots") et protègent donc les endothéliums vasculaires. ils produisent aussi des facteurs de croissance qui favorisent la cicatrisation et la réparation des tissus abîmés. Il ne faut donc pas diaboliser les mastocytes en les considérant comme des ennemis.
Cependant, il arrivent que les mastocytes dépassent leur rôle de défense en se montrant excessifs, lorsque le système immunitaire est en dysfonctionnement. C'est le cas dans certaines allergies (hypersensibilité immédiate) et dans divers états inflammatoires complexes et souvent prolongés. C'est ainsi que, lors de pathologies infectieuses chroniques ou froides, on peut assister à des poussées d'activation mastocytaire, en réponse à des stimulations antigéniques microbiennes.
En pathologie, on a le plus souvent une seule maladie à la fois.
En cas de COVID prolongée avec activation mastocytaire, il n'y a qu'une seule maladie : La COVID prolongée qui est elle même liée à une persistance de l'infection virale et souvent bactérienne.
Le terme SAMA (syndrome d'activation mastocytaire) n'est pas une maladie mais l'un des aspects de la COVID prolongée et il ne faut pas imaginer que l'histamine explique tous les symptômes. Si tel était le cas, les antihistaminiques auraient un effet spectaculaire, ce qui est rare...
les antihistaminiques :
- La loratadine et le Cetirizine sont des anti-H1
- La Famotidine un anti-H2
- Thiopéramide et le Clobenpropit des anti-H3 (de préciser que le Clobenpropit est à la fois un anti-H3 et un pro-H4).
En pratique il faut essayer les anti-H1 et les anti-H2 voire les deux simultanément.
Ci dessous : l'histamine en deux tableaux :
Lien you tube vers la conférence du Dr WETCHOKO
Pour aller plus loin
l'hyper-inflammation COVID-19 et COVID LONG Serait-elle enracinée dans le SAMA (Syndrome d'Activation Mastocytaire). Etude : International Journal of Infectious Deseases
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Patricia (vendredi, 17 décembre 2021 22:24)
Bonsoir,
J ai des symptômes identiques à ceux présentés sur cet article : urticaire permanent et douleurs des mains notamment. C est apparu par contre juste après m être faite vaccinée (moderna dont la 2eme dose en juin)... Est ce possible que le vaccin puisse provoquer les mêmes symptômes qu un covid long (6 mois de douleurs chroniques et urticaire qui ne cesse pas, l anti histaminique me soulage mais seulement 24h et si je tente de l arrêter c est une résurgence d urticaire directement au bout de 48h max.) Ou alors serais je passé à côté d une infection covid qui aurait eu lieu en mai entre mes 2 injections... ? A cette époque là, pas de sérologie avant vaccin pour savoir si on avait été affecté par la covid...
Après avoir vu cardio, allergologue, angiologues, neurologues, terminé aux urgences pour des douleurs persistantes... RAS... Les eosinophiles sont élevés mais personne ne comprend. L allergologue ne sait pas non plus. Pas d allergies probantes dans tout ce qui a pu être testé, pour un tel taux d eosinophiles... On me parle de médecin interniste pour chercher la cause. Certains médecins me recommandent d éviter une 3eme dose mais d autres ne savent pas...
Bref, y a t il des liens entre vaccination et symptômes de covid long ? La proteine spike étant responsable de pas mal de perturbations, j arrive assez rationnellement à comprendre son effet sur l histamine, est ce qu il y a d autres cas référencés sur ce surplus d histamine avec les vaccins et à aussi long terme post vaccination (6 mois que je traine ces symptômes) que de cas de symptômes indépendant de la vaccination mais liés à un covid long ?
Quid de la 3 ème dose ? Je suis assez terrorisée maintenant pour ne pas avoir envie de la faire.
Et surtout ? Quelles solutions envisager pour retrouver un équilibre ?
En vous remerciant d avoir pris le temps de me lire ...
Patricia
Stéphanie (mardi, 11 janvier 2022 00:13)
Bonsoir
J aimerais répondre à Patricia car mon fils âgé de 9 ans a le même problème.
Je pense qu il a eu le covid en début d année dernière ( février) mais impossible de le certifier.
Cependant il a déclaré en mai une urticaire chronique et est sous hantistaminique en continue car dès que j arrête le traitement l urticaire revient au bout de 48 heures.
Joana (samedi, 29 janvier 2022 08:18)
Ma fille 1 mois après la covid a développé un urticaire. C’est des urticaires dans plusieurs endroits mais plutôt concentré sur la partie haute du corps. Elle se gratte souvent.
Rottié Yannick (mercredi, 04 mai 2022 09:34)
Bonjour, vous êtes géniale, j'ai vu votre vidéo, je suis un patient, atteint de la mastocytose systémique indolente, mutation du gêne du récepteur ckit (venin hyménoptère), je crois pouvoir dire que je n'ai plus aucun symptômes (très invalidants du aux injections de venin tous les deux mois), ........grâce à ......l'alimentation...., je le confirme et maintenant avec toutes vos précisions, c'est une mine d'or pour moi, vous me donnez une telle compréhension des mastocytes, des tissus , de l’histamine.......
merci merci merci. Yannick.
Chatelier Caroline (samedi, 15 avril 2023 16:20)
Bonjour alors moi covid long et des réactions parfois comme vertige fatigue intense froid et parfois mal a l'estomac est ce le trop d'histamine ou eparine en tous cas mon état est vraiment pas top du tous j'ai aussi un dhiarre depuis juillet est ce que je vais m'en sortir ?
Car la sa fait 3 lois et demi que je suis très mal et j'ai un endobrachyoesophage aussi j'ai l'impression que le covid a tous créé
JULIE (mardi, 13 février 2024 21:40)
Bonjour
Depuis la première dose j’ai eu une augmentation d histamine dans le corps avec des allergies alimentaires à n en plus finir sans compter les crises d’asthme personnes de comprenaient au début et à la 2 eme doses tout a augmenté voilà que depuis le début du Covid j’ai des traitements à n’en plus finir épuisé chaque jour alors que avant j été en pleine forme jeté très sportive aujourd’hui je lutte chaque jours �